C'est avec une grande tristesse et une profonde consternation que la communauté artistique nigérienne a appris le décès survenu ce matin du célèbre chanteur nigérien Moussa Poussi. Moussa Poussy était hospitalisé depuis le début du mois de mai à l'hopitale national de Niamey, cependant, une fois de plus, malgrès les efforts du syndicat des artistes musiciens du Niger pour mobiliser les cadres du ministère de la culture et les musiciens afin de soutenir Moussa dans sa convalescence, peu de mobilisation se fait autour de celui qui représente pourtant le pays depuis près de trente ans. Hier encore l'artiste, de son lit d'hopital lançait un appel à l'aide, appel qui restera lettre morte. Alors que les sons de promotion de son dernier album, qui deviendra malheureusement un album postume, inonde les radios c'est à 16 h aujourd'hui que Moussa Poussy sera inhumé. Reprenant les rythmes traditionnels, Moussa Poussy les adaptait au son des intruments modernes, créant ainsi une musique nouvelle en accord avec la culture de son pays afin de faire connaître sa musique et son pays à l'occident. Ces dernières années il a partagé son talent avec de nombreux jeunes groupes de rap tels que ZM ou encore WassWong. Il fut également l'un des piliers des cinquièmes jeux de la francophonie. C'est en 1980 que Moussa Poussy a débuté la musique avec le groupe de Johnny Ali Maïga avant de partir au Mali en 1981 pour apprendre la guitare aux cotés de Douma Albarka. De retour au Niger, Moussa Poussy intégre alors l'orchestre de Bani Zoubou dont il devient le chanteur et avec lequel il fait de nombreuses soirées et animations de baptèmes et de mariages. En 1986, à l'occasion du premier grand concours national de musique moderne nigérienne, le groupe se rebaptise les Super Kassei et remporte le 1er prix sur une cinquantaine de concurrents. En 1987, Moussa Poussy intégre l'orchestre national du Niger avec lequel il ferra une grande tournée au Mali, Sénégal, Burkina Faso, Togo, Bénin, Nigéria, Algérie et au Ghana. En 1988, lors de la seconde édition du grand concours national de musique moderne nigérienne, Moussa Poussi interprète un morceau "Sankara" en hommage au président burkinabé tué par son second. Moussa Poussi est arrêté et le public ainsi que le jury ne décerne aucun trophée, estimant que le premier prix devait revenir à Moussa Poussi. A la formation de l'orchestre international de la capitale il fait parti du trio de grand chanteurs aux cotés de El Hadj Taya et de Mao. En 1989, il rencontre de Philippe Gérard et forme le groupe "Moussa Poussi et ses Poussikettes". Lors des remises des prix du concours découverte Radio France Internationale en 1990 Moussa Poussi fait le lever de rideau. Hélène Lee, qui préside la délégation, remarque Moussa Poussi et lui cherche un producteur. Il enregistre l'album "TORO" à Abidjan, arrangé par Boncana Maïga et participe au grand concert à l'occasion de l'anniversaire du président ivoirien Félix Ouphouët Boigny. En 1991 Moussa Poussy remporte le 7ème prix du Grand Concours de la Chanson Populaire Africaine (Afrovision)sur 28 pays africains représentés. En 1992, un Cd intitulé NIAMEY TWICE sort a son insu avec Sadou Bori. En 1993 Moussa Poussy est élu meilleur artiste de l'année au Niger. Il reçoit un diplome d'honneur au second Afrovision de 1995. La même année il gagne la premier prix du concours de la radio nigéreinne R et M. En 1996, Moussa Poussy se voit décerné le troisième prix au concours national de musique moderne nigérienne. et le premier prix au concours Vertigo Star, concours de danse traditionnelle nigérienne où le groupe Zaré, encadré par Moussa Poussi, remporte le premier prix. En 1999 il représente le Niger à Lomé (Togo) à un concours de la chanson populaire Afrique Caraïbe. Moussa Poussi remporte le 5ème prix sur 22 pays. De 2003 à 2004 Moussa Poussy séjourne en France ou il participe notamment à la réalisation de l'Album Ténéré du Groupe Bako de Toulouse. De retour au Niger en 2005 on s'attendait a un grand retour de l'artiste sur le devant de la scène musicale nigérienne mais comme il le dit lui-même "Tout le travail que j’ai abattu n’a pu être porté à la connaissance du public, faute de soutien matériel et de sponsor. L’environnement est fait d’incompréhension à l’égard des musiciens. Il faut une réelle politique de promotion culturelle pour faire vendre la musique nigérienne. Faute de volonté politique, le Niger est aujourd’hui, un cimetière de talents». En 2007 le studio Kountché produit un album pour l'artiste qu'il finira juste avant sa récente hospitalisation. Espéront que les artistes nigériens se mobiliseront pour rendre un hommage à la hauteur du talent de cet artiste et lui offre tout de même son dernier vernissage. Marie Adji